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Florence GÉNÉREUX
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Florence GÉNÉREUX
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ARTICLES / SPIRITUALITÉ

ORGUEIL ET EGO SPIRITUEL

article, publié le 24 novembre 2020
9 minutes 109
je ne suis pas l'auteur, article de Mélanie Chéreau, voir la source

Dans nombre de chemins spirituels, dépasser l’orgueil est la dernière étape à franchir. Directement issue d’un ego qui ne lâche rien, cette épine dans le pied du cheminant se retrouve au niveau individuel, collectif, mais aussi chez les maîtres. Focus sur le dernier des poisons…

La dernière épreuve du Bouddha Shakyamuni lorsqu’il tentait d’atteindre l’Éveil sous l’arbre de la Bodhi fut d’affronter Mara, le symbole des quatre démons : celui des liens, celui des sans lien, celui de la jouissance et enfin celui de l’orgueil. La tempête issue de la bataille fut si violente que le futur éveillé dut prendre la Terre à témoin, ultime rattachement à l’humilité. Il reste aujourd’hui de sa victoire les représentations que l’on connaît de lui, méditant et posant une main au sol. Alors, pourquoi l’orgueil est-il le dernier rempart entre nous et la libération ? Parce qu’il est le fondement de l’ego, l’illusion du moi, la dernière saisie à nos représentations mentales, l’origine ultime des émotions... Après moult efforts, nous renverrait-il à la case départ ? Et surtout, que représente-t-il sur la voie que nous empruntons, comment ne pas nous illusionner, et avoir confiance en des enseignants, des maîtres qui, humains eux aussi, peuvent tomber dans ses pièges ? Quelques pistes de réflexion nous permettent de rester attentifs.

Le fonctionnement de l’ego

Il y a une vraie gageure dans la vie humaine, c’est que l’ego est à la fois constitutif et incontournable pour la survie d’un être incarné, mais aussi un véritable obstacle au dévoilement de l’esprit. On conçoit aisément que la frontière avec l’orgueil est mince, de ce fait, comment résister à être fier de ce que l’on accomplit jour après jour, à être de telles « merveilles sur pattes » ? Lorsqu’on demande à l’historien des religions et spécialiste du bouddhisme Philippe Cornu d’expliquer l’orgueil, il est très clair : « Fondamentalement, c’est une manière de valoriser le sentiment du moi, ou l’ego – terme aujourd’hui galvaudé, plus adapté à la psychanalyse qu’à la spiritualité. Le problème réel, c’est le sentiment personnel de se croire une entité durable et indestructible. Cela vient d’une peur de n’être rien du tout ! » C’est sur cette peur que l’ego va construire sa forteresse d’attaque et de défense...

En effet, le moi est constitué de phénomènes composés : une forme physique en rapport avec le monde, des sensations, des représentations mentales ou perceptions, des mémoires karmiques et des consciences. « Ces multiples éléments qui nous composent ne sont pas durables, de sorte que le moi n’a pas d’existence substantielle. Il a une existence temporaire qui est sans cesse renouvelée et c’est le fait de s’attacher à l’idée d’un moi qui serait perdurable qui est erroné », précise Philippe Cornu. Alors, si nous rencontrons ces écueils de défenses et de peurs dans la vie courante, cela va aussi se produire dans la vie spirituelle dans des proportions plus subtiles et donc moins décelables de prime abord. Individuellement ou en groupe, en tant qu’élève ou en tant que maître, personne ne semble épargné par le spectre de l’orgueil, comme un passage incontournable. « Dans la voie spirituelle, on va prétendre suivre une sorte de progression. C’est là que l’orgueil va s’insinuer et paradoxalement, va ralentir tout le processus, s’amuse Philippe Cornu. Car le sentiment du moi ne va pas nous quitter comme ça, il va accompagner le chemin spirituel sans nous laisser le choix... et on va continuellement évaluer là où on en est. » Se juger, se comparer aux autres, regarder sa progression et s’en satisfaire, vouloir plaire à son maître... Le risque de chuter dans l’orgueil spirituel nous guette. D’ailleurs, qu’en est-il du rapport au maître ?

"Le problème réel, c’est le sentiment personnel de se croire une entité durable et indestructible."

L’importance de la lignée

L’ennemi, c’est la paresse, le « gloubi-boulga » spirituel : comme le chemin est difficile, on a tendance aujourd’hui à choisir ce qui nous plaît et rejeter ce qui ne nous plaît pas. En d’autres termes, on va se constituer notre propre spiritualité en mélangeant les genres et les sources, de manière à avancer sans trop se remettre en question non plus, en caressant notre ego dans le sens du poil. Ici, le risque est grand de s’égarer dans l’orgueil. Car l’Occident est face à un paradoxe : d’un côté, il souhaite fuir les dogmes qui ont usé sa foi et de l’autre, il recherche l’authenticité. La tendance est donc à aller picorer du côté des religions de l’Orient, tout en gardant un lien avec le développement personnel qui connaît un récent succès, ajoutant à cela des touches de chamanisme des sociétés traditionnelles pour l’aspect « racinaire »... Philippe Cornu explique : « La notion de maître spirituel relève plutôt du chemin personnel individuel. Le maître a l’expérience du chemin et le montre à ses étudiants qui évitent ainsi bien des pièges... Or, en Occident, son rôle est souvent mal compris par rapport à la religion instituée : il n’est pas là, tel un simple prêtre, pour faire respecter des lois religieuses, mais pour aider des personnes à progresser. La religion, c’est se relier collectivement à un principe transcendant au sein d’une communauté horizontale qui accepte des règles édictées : c’est “l’institution” » – que l’on peut certes fuir, mais qui est aussi garante d’un cadre éthique, autant pour les pratiquants que pour les représentants du culte. Un maître peut tout aussi bien appartenir à l’institution qu’en être distinct. C’est la nature de son rôle qui doit être clairement comprise.

Dans un groupe spirituel autour d’un maître, il arrive que les rapports humains induisent des luttes de pouvoir pour gagner la meilleure place auprès du maître, par exemple, ou de se fantasmer « meilleur disciple ». De plus, « mal comprise, la dévotion amène parfois à l’idolâtrie et, du coup, à la perte du discernement. Peu de disciples ont le courage de dire au maître s’il fait une erreur, par crainte de l’opprobre des autres disciples. Plus on a de disciples, plus il y a le risque de créer un cercle rapproché de gens “mondains” qui vont utiliser la célébrité du maître pour se parer eux-mêmes d’une certaine aura et censurer toute critique... », précise Philippe Cornu. De son côté, l’enseignant spirituel risque de prendre « la grosse tête », ce qui obscurcit son discernement et flatte l’ego.

Un des antidotes serait, pour le maître, d’éviter de mêler sa vie privée à ses enseignements. Et pour les élèves, l’une des solutions consiste à suivre quelqu’un qui s’inscrit dans une lignée de transmission de maître à disciple authentique. Lorsque l’on peut identifier les maîtres de ses maîtres et repérer le cadre dans lequel l’enseignement est transmis, cela donne une forme de sécurité. Mais il n’y a aucune garantie absolue.

L’humilité comme rempart

Qu’en est-il du monothéisme ? Il est certain qu’il présente un avantage, c’est qu’on ne peut pas devenir Dieu... « On participe à Dieu, mais on ne peut pas être égal à l’essence divine. Cela coupe un peu les ambitions spirituelles... Dans le bouddhisme, il est dit qu’on devient un bouddha si l’on parvient au bout du chemin... Nous avons tous la nature de bouddha, et l’on pourrait s’y croire alors qu’on n’y est pas encore ! », reconnaît Philippe Cornu, qui est aussi un pratiquant. La chrétienté, par exemple, semble porter en elle davantage de graines d’humilité. Parmi les moines chrétiens du désert, Évagre le Pontique enseigna aussi que l’orgueil est la dernière des passions qui se manifeste, la plus subtile et la plus dangereuse, car elle cause la ruine de la vie spirituelle... Tous les efforts accomplis peuvent alors être anéantis. « Le fruit d’avoir vaincu toutes les autres passions est le terreau de l’orgueil spirituel, c’est-à-dire “j’ai réussi ma vie spirituelle, je suis allé au-delà des passions, j’ai vaincu les démons intérieurs, etc., je suis donc quelqu’un d’exceptionnel” et c’est ça qui empêche d’accéder à la sainteté... », conclut Philippe Cornu, non sans admettre que cela arrive parfois à des maîtres.

Dans les enseignements chrétiens orthodoxes, il existe la notion de prelest, qui signifie « plan de séduction », un faux état spirituel qui est considéré comme une véritable maladie, issue de l’orgueil et la vaine glorification de soi. Précisément décrit, le prelest a pour remède l’humilité de s’en remettre aux saints sacrements.

En islam aussi, il est enseigné l’importance de s’assurer que les pratiques sont toujours associées à l’humilité, elle-même engendrant piété et crainte, qui sont les graines de l’adoration. Pour y parvenir, il est nécessaire de pratiquer le repentir avec des istighfar, évocations qui rappellent l’existence des viles créatures pleines d’orgueil qui donnent le mauvais exemple à ne pas suivre.

"La notion de maître spirituel relève plutôt du chemin personnel individuel."


Étape indispensable ?

Pour certains enseignants, notamment en thérapie alternative, nous vivons un temps exceptionnel d’élévation des consciences. Le monde serait en train de « s’éthériser », de se spiritualiser, en se détachant du matériel, ce qui augmenterait la sensibilité et les facultés de beaucoup d’entre nous. Nous passerions « du troisième au quatrième chakra », et nombreux sont ceux qui veulent évoluer, se transformer et aider les autres à le faire. Ainsi, nous assistons au développement notable de thérapies et de thérapeutes de toutes sortes en Occident, et on observe un retour aux traditions dans d’autres cultures.

Selon Nathalie Marin, formatrice et praticienne de soins esséniens-égyptiens, « l’orgueil spirituel serait comme un “entonnoir” dans lequel il faut passer. Le rôle des gourous est d’expérimenter la spiritualité, mais aussi ses dérives. Finalement, c’est comme une étape indispensable. Mais aussi un rappel à la vigilance pour tous. » Ce qui est important, c’est d’éviter la saisie, le réflexe de l’ego qui s’élève souvent dans la précipitation. Dès que nous sommes dans le jugement, c’est que nous manquons d’expérience. Pour nous, cheminants, il faut être patients, car le chemin prend du temps.

Concernant les maîtres, Nathalie Marin a une hypothèse intéressante : « En vieillissant, nous sommes davantage dans l’incarnation, et la matière a plus de prise sur nous. C’est comme si l’âme et la personnalité avaient plus de difficultés à communiquer », d’où les dérives de certains. Mais pour tous, il faudrait essayer de moins se prendre au sérieux, et de penser à la phrase de Sadhguru : « Vous devez voir les mêmes qualités en tous, homme, femme, enfant, âne... j’insiste particulièrement sur l’âne... arbre, pierre... vous devez tout traiter comme si c’était Sadhguru, qu’importe, ce qui compte c’est votre pratique et de soulager votre conscience, car la vie est brève ! »

Mélanie Chéreau
© Article de Mélanie Chéreau, voir la source
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Mots clés : orgueil, spiritualité, ego

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