Les Bourgeons :
Dès le réchauffement du printemps, l’arbre sort de son hibernation. C’est le moment où vont éclore les bourgeons dont les écailles feutrées étaient retenues par l’hiver. Car le bourgeon s’est formé dès la fin de l’automne, là où la feuille tombe. De même, c’est du bourgeon que naît la feuille, partie centrale de toute plante, qui ne peut s’ouvrir qu’avec le soleil. Avec les bourgeons, il faudra donc se rappeler qu’à l’origine de toute vie est le soleil. En effet, si l’homme et l’animal sont sur terre et si l’air que nous respirons existe, c’est parce que les premières transformations de la photosynthèse ont eu lieu avec les algues (c’est-à-dire transformation de la lumière en oxygène). L’origine du monde serait alors à comprendre non pas comme venant du fond de la terre, mais bien du ciel. Il est intéressant ici de faire le parallèle avec ce que dit l’approche anthroposophique de Rudolf Steiner prônant un retour à la dimension spirituelle de la santé. Elle aurait été bannie depuis la Renaissance en Europe, mettant fin aux traditions médicales qui ont toujours lieu en Chine et en Inde. Le lien entre la terre et le ciel est donc à observer pour chaque principe phytothérapeutique. Avec les bourgeons, on comprend le lien étroit entre la vie et le retour du soleil après l’hiver. Les bourgeons sont à considérer comme les jeunes pousses, ou radicelles de la plante. Ce sont des sortes d’embryons de la plante, qui possède en elle une force de vie maintenue en hibernation pendant la saison froide, et dont la force est libérée au printemps. On comprend qu’avec cette observation, les traitements aux bourgeons sont recommandés pour toutes les questions médicales ayant trait au système immunitaire. De même, ce caractère subtil et naissant conviendra tout à fait aux enfants. On pourra ainsi privilégier les macérâts glycérinés de bourgeons pour les infections (virus, bactérie…) concernant les enfants, surtout au moment des épidémies qui se propagent à l’école.
La gemmothérapie :
La gemmothérapie, soit littéralement la thérapie par les bourgeons, a une étymologie tout à fait intéressante, car en latin « gemmae » signifie autant « bourgeon » que « pierre précieuse », allusion sans doute à la stabilité du bourgeon pendant tout l’hiver. Il ne faut pas les confondre, mais on pourra considérer les bourgeons, ces tissus embryonnaires frais, comme la matière précieuse de la plante puisque c’est d’eux que dépend toute la vie du végétal. On appelle « gemmologie » la science qui étudie les pierres précieuses et qui pourra être reliée à la lithothérapie. On peut dater l’utilisation de la thérapie par les bourgeons dès le Moyen-âge en Occident, mais il faudra attendre les années 1970 pour qu’elle soit désignée par le terme de « gemmothérapie ». À l’époque médiévale déjà, les bourgeons servaient à confectionner de nombreux sirops et élixirs pour soigner la toux et les problèmes respiratoires notamment. Pratiquée depuis des milliers d’années de façon traditionnelle, il s’agit encore aujourd’hui d’une thérapie non conventionnelle. Elle n’a pas encore été étudiée par les scientifiques avec toute l’attention qu’elle mérite, malgré sa pratique dans de nombreux pays européens, ainsi qu’au Canada où elle est utilisée abondamment par les médecins, professionnels de la santé ou thérapeutes des médecines douces. Dans la législation française, les macérâts glycérinés de bourgeons ne sont pas des médicaments, mais des compléments alimentaires. Le fondateur de la gemmothérapie est le médecin belge Pol Henry (1918-1998) qui eut l’idée de se servir des tissus embryonnaires des végétaux (les bourgeons, les jeunes pousses et les radicelles). Il parlait d’eux comme l’énergie vitale de la plante, capable de soigner l’homme. Il parlait alors de phytoembryothérapie, et voyait dans les bourgeons la plante concentrée, porteuse d’une action thérapeutique extraordinaire, surpassant celle de chaque partie de la plante.
En effet, le bourgeon peut être utilisé pour concentrer les principes actifs des fleurs, feuilles ou racines. L’exemple du tilleul est intéressant puisque le bourgeon permet de profiter à la fois des vertus sédatives des fleurs et des feuilles, mais aussi des vertus diurétiques et dépuratives de l’aubier (la partie blanche souple située entre le bois et l’écorce). De même, le bourgeon de l’aubépine combinera les vertus thérapeutiques du fruit pour le cœur, et les vertus de la fleur pour la circulation sanguine. Le docteur Henry s’associa à un homéopathe, appelé le docteur Tetau, pour créer en France la « gemmothérapie », ou la « médecine des bourgeons », à partir de macérâts glycérinés de bourgeons. Depuis cette appellation officielle datant des années 1970, la thérapie par les bourgeons est étroitement liée à la médecine homéopathique. Dans la plupart des cas, les phytothérapeutes utilisent la gemmothérapie comme un remède très subtil et efficace pour soigner un organe ou un système du corps humain. Il s’agit souvent de profiter des propriétés drainantes, diurétiques et détoxifiantes des bourgeons. Chaque plante aura des propriétés différentes : ainsi pour les inflammations et les baisses d’énergie, on utilisera les bourgeons de cassis ; pour la respiration, les bourgeons de sapin et de pin ; pour le cœur, les bourgeons d’aubépine, etc. Les bourgeons sont les parties embryonnaires de la plante. Ils présentent l’avantage d’avoir une concentration faible, mais très active. À l’image de l’enfant qui croît, les bourgeons sont remarquables pour leur teneur en hormones végétales et en facteurs de croissance. Ils contiennent la force de vie du végétal, car lors de la montée de la sève au printemps, ils sont le lieu de la multiplication des cellules de la plante. Ils possèdent ainsi un nombre très élevé de phytohormones de croissance, de minéraux, d’enzymes, de vitamines et d’oligo-éléments nécessaire au regain de vitalité de la plante au moment des premiers rayons de soleil.
© Valentin PICARD
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Mots clés : bourgeons
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