La Médecine Traditionnelle Chinoise a une approche et une vision des organes et de leurs fonctions qui si elles peuvent sembler souvent bizarres à notre esprit occidental, apparaissent bien souvent à la réflexion comme d'une logique et d'une lucidité qui fait souvent défaut dans nos analyses souvent trop scientistes.
Il y a sept émotions dont cinq sont reliées aux principaux organes.
La colère et le foie
La joie et le cœur
La pensée et la rate
La mélancolie et les poumons
La crainte et les reins
Les deux autres émotions sont l’affliction et l’effroi
Pour la médecine chinoise ces sept émotions sont en relation étroite avec l’activité physiologique. La notion d’excès ou de vide, blesse l’organe concerné et affecte par là tout l’équilibre de l’organisme et par effet rebond cela vient perturber l’énergie et le sang qui sont les deux grands vecteurs de la force vitale.
La colère et le foie
La colère est considérée comme l’expression du foie, lequel est lié au vent et au bois comme éléments.
La vésicule biliaire est logiquement considérée comme l’organe associé, mais plus surprenant pour nous occidentaux, les yeux et la vue, les tendons et les ongles sont vues comme des structures associées au foie.
Le foie est nourri par le cœur et les reins. Les larmes comme les cris expriment un foie déséquilibré. La vésicule biliaire (rectitude médiane) est blessée.
Par conséquence le feu du foie fait souffrir l’estomac et par répercussion le cœur.
La montée d’énergie brutale que cela provoque entraîne un blocage au niveau de la gorge (difficulté à expectorer voire à respirer).
Puis l’énergie devient stagnante et provoque des douleurs dans la poitrine et dans l’hypocondre.
Par suite il y aura maux de tête (migraines, céphalées) et mauvais goût amer dans la bouche et des tensions dans tout le corps.
Les chinois pensent que les sentiments en cause sont la détermination à vivre, la générosité, l’humanisme, la perception de soi, la clairvoyance. Toute pathologie liée au foie doit emmener le thérapeute à s’interroger sur la relation au père et à la naissance.
Le traitement doit stimuler la circulation de l’énergie tout en drainant le foie et la vésicule associée et disperser l’excès de chaleur interne au niveau de l’estomac.
La joie et le cœurLa joie comme l’effroi sont les émotions liées au cœur lui-même lié à l’élément feu et donc à la chaleur. L’intestin grêle sera l’organe associé, la langue et la parole, les vaisseaux et le teint seront les structures associées.
Nourri par le foie, le cœur nourrit la rate. La langue est appelée « bourgeon du cœur » et les yeux en sont les « ambassadeurs » et sont reliés aux oreilles. Le sang est la résultante de la chaleur du cœur.
Le fou rire désigne un excès de feu au niveau du cœur. La joie extrême apporte des troubles cardiaques qui blessent la vésicule biliaire faisant obstacle à la bonne circulation de l’énergie.
La pensée est alors confuse et peut générer des palpitations, des troubles du sommeil et même de l’insomnie, ainsi que des transpirations spontanées (sans raison apparente), entraînant la lassitude et une sècheresse buccale.
Sont en cause également les vaisseaux sanguins et les vaisseaux énergétiques dont la manifestation extérieure est la sueur.
Les sentiments liés sont le discernement (œil du cœur), la douleur, le désir, l’acuité, la lucidité et la mort.
Le traitement visera à fortifier le cœur pour soulager l’esprit, dissiper l’accumulation de chaleur ou sa stagnation de manière à soulager la vésicule biliaire.
La pensée et la rateEn Chine la pensée désigne le fait de penser avec affection mais également la méditation et la réflexion. La rate gère l’humidité, c’est-à-dire tous les fluides du corps et relié à l’élément terre.
Son organe associé est l’estomac, la bouche et le goût, les muscles et les lèvres seront les structures associées.
La rate est surnommée « Vase à vin », elle nourrit les poumons et est elle même nourrit par le cœur. C’est par son intermédiaire que nous ressentons et entendons.
Dans le jargon de la médecine chinoise la bouche et les lèvres ainsi que les symptômes rattachés sont nommés « La montée des nuages ».
Le pancréas est lié à la rate et les deux sont indissociables dans la définition de l’énergétique chinoise. Si la rate est atteinte, le pancréas l’est automatiquement et réciproquement.
Les pensées négatives, qui tournent en rond, les obsessions, les focalisations, etc… blessent la rate, le pancréas et le cœur, en bref on ne « supporte » plus.
Blessée la rate devient faible, ce qui entraîne un souffle court, une respiration haletante, une transpiration excessive, de la fatigue liée au découragement « plus envie de ».
Les symptômes de la rate déficiente sont la perte d’appétit pouvant aller jusqu’à l’anorexie, des ballonnements, un esprit perturbé (difficulté à réfléchir ou à se concentrer), la perte de sommeil, une mauvaise circulation sanguine (spasmes, palpitations…) qui se caractérise par des lèvres décolorées, un teint terne et pâle et des ongles mous et cassants.
Les sentiments exprimés sont la parole donnée, le gage de promesse lié à la notion de secret, la confiance et la sincérité. Ces sentiments symbolisent l’intention du cœur.
Le traitement consistera à drainer la rate et le pancréas afin de renforcer l’action
naturelle du cœur.
La mélancolie et les poumonsEn médecine chinoise la mélancolie, les soucis, le chagrin, le deuil sont exprimés par le poumon.
Reliés à la sécheresse et à l’élément « métal » les poumons auront comme organe associé le gros intestin (colon) et comme structures associées le nez et l’odorat, la peau et les poils.
Surnommés « le couvercle du haut » les poumons nourrissent les reins et sont
nourris par la rate.
Le gros intestin « couvercle du bas » est relié à la vésicule biliaire qui est le lieu où se fait « la purgation du feu ».
Les narines « la descente des pluies » permettent aux sécrétions nasales de s’évacuer.
La mélancolie ou autre expression des poumons blessera conjointement la rate par la pensée et les poumons.
Si l’énergie de poumons fait défaut nous aurons de la pâleur, un patient qui ressasse les mêmes choses, des pores trop ouverts avec une transpiration souvent fétide voire nauséabonde, des dysfonctionnements pulmonaires bien sûr, avec accumulation de sécrétions, le cœur sera affecté et nous aurons un esprit troublé avec de la tristesse et souvent des pleurs.
Les sentiments en expression sont la parole juste, la pénétration de la fibre intime de l’autre.
Le traitement consistera à remonter l’énergie des poumons et à calmer l’esprit.
La crainte et le reinLes expressions du rein seront la crainte et la peur. Ils sont en relation avec le froid et l’élément « eau ». Leur organe associé sera la vessie et les structures associés seront les oreilles et l’ouïe, les os et les cheveux.
Les reins nommés « lampe à huile » nourrissent le foie et sont nourrit par les poumons. La vitalité d’une personne se juge au bon fonctionnement de ses voies urinaires.
Egalement surnommés « porte du destin » ont avec la vessie un rôle d’éveil, de réchauffement et de protection de l’organisme, ainsi que de mise en alerte et ont donc une fonction fondamentale.
Toute crainte, toute peur provoque une atteinte importante des reins. Cette blessure entraîne des douleurs lombaires et articulaires dans les genoux, des étourdissements, parfois des acouphènes, de l’asthénie liée à la chaleur vitale et nous constaterons des impressions de brûlures de la poitrine, des paumes de mains et de la plante des pieds avec des crises de transpiration nocturnes, une soif difficile à étancher, le l’irritabilité voire de l’irritation ainsi que des troubles du sommeil.
La peur engendre un dysfonctionnement rénal qui dérange le foie dans sa fonction de stockage du sang, entraînant une insuffisance sanguine. Le déséquilibre rénal se traduit par des gémissements pendant le sommeil, des soupirs, etc…)
Les sentiments exprimés seront la force, la ténacité, l’habileté et le retour sur soi qui permet de toucher les recoins les plus obscurs de l’être.
Nous traiterons en redynamisant l’énergie vitale et en diminuant le feu intérieur.
Les deux émotions complémentaires : l'affliction et l'effroiLa médecine chinoise met l’affliction en relation avec les poumons et le cœur.
Résultant d’une blessure énergétique qui atteint l’énergie cardiaque en affectant par contrecoup la circulation sanguine. Nous aurons une personne fermée, triste, repliée sur elle-même et éprouvant souvent du ressentiment.
L’effroi est mis en relation avec le cœur, le foie et l’estomac. Nous aurons un patient agité, anxieux, contrôlant difficilement son activité mentale. Souvent il s’effraiera pour rien et sera souvent dans l’attente d’un pire catastrophique qui le rendra angoissée par anticipation.
© Jean-Claude THIMOLÉON JOLY
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Mots clés : médecine,orient,organes,santé
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2004 
18
