« Les équations mentales »Les « équations mentales » sont des formules de pensées ou de fonctionnement que nous avons construit inconsciemment au fil de notre expérience de vie.
Etienne Jalenques les compare aux équations mathématiques dans leur
composition : « deux termes liés par un rapport d’équivalence, et dépendants de certaines variables ou inconnues ». Il note cependant que pour
la résolution, dans le cas des mathématiques, l’équation est résolue par la recherche de l’inconnue alors que pour « l’équation mentale », l’inconnue n’est pas recherchée parce qu’au fil du temps, les termes sont devenus stables, évidents. L’équation ne peut pas être remise en cause puisqu’elle est considérée par le sujet comme « déjà résolue ».
Quelques exemples « d’équation mentale » :- Pleurer, c’est être faible,
- Plus je suis riche, plus j’ai de valeur,
- Si je me mets en colère, tu m’aimeras moins,
- Si je dis non, vous ne m’aimerez plus.
- …
L’équation d’Emma
Emma a 38 ans, elle est mariée et a deux enfants, Antoine 10 ans et Justine 4 ans. C’est une belle femme, dynamique et sportive. Elle travaille depuis 5 ans dans une agence immobilière. Depuis quelque temps, elle se sent submergée par sa charge de travail. Elle a accepté de reprendre le portefeuille client d’une collègue partie en congé de maternité. Elle rentre chez elle épuisée par sa journée et se sent irritée par les demandes de ses enfants. Son mari est régulièrement absent pour raisons professionnelles.
Elle se sent totalement débordée !
Elle aborde sa peur et sa difficulté à dire non.
Son équation mentale : « si je dis non, on ne m’aimera plus » !Les deux termes de son équation ont un rapport d’équivalence et de conditionnalité : elle pense qu’elle est aimée seulement si elle ne dit pas non et que dire non revient à ne pas être aimée.
La certitude d’Emma va nous servir de base de travail thérapeutique. Cette croyance « intime » constitue le terreau sur lequel elle s’est construite.
Le travail en groupe permet de faire l’expérience de positions différentes que celui du patient. Emma va pouvoir entendre d’autres points de vue que le sien.
Dans un 1er temps, il s’agit d’accueillir l’équation d’Emma sans jugement ni critique. Nous cherchons ensemble à la déployer, à « l’ouvrir » pour découvrir comment se sont associés les deux termes.
Je demande à Emma de poser son équation sous forme de question à chaque personne du groupe et d’attendre leur réponse.
« Si je te dis non, tu m’aimes toujours ? »
Une personne du groupe lui répond : « ça n’est pas lié, bien sûr que je t’aime »
Elle me regarde, un peu étonnée puis elle continue.
« Si je te dis non, tu m’aimes toujours ? »
Un autre participant lui dit : « peut-être même plus »
Emma fond en larmes, je la laisse pleurer un long moment. Elle m’explique qu’elle est triste pour elle de toujours se faire passer après les autres mais elle a tellement peur !
Peur de ne plus être aimée, abandonnée, rejetée… alors elle fait tout pour contenter l’autre.
Je distingue la remise en scène des relations parentales et lui propose de rajouter « maman » à la fin de sa phrase.
Elle dit :
« si je te dis non, tu m’aimes toujours, maman ? »Elle perçoit que ce fonctionnement prend sa source dans les expériences de son enfance, que les messages parentaux explicites ou implicites sont très puissants et agissent encore dans son présent.
En disant oui à tout le monde, c’est à elle qu’elle dit non.
Elle repère la faille et cherche une résolution :
Se dire « Oui »Souvent la solution immédiate en réponse à un fonctionnement défaillant est de faire l’inverse. On passe d’un extrême à l’autre et au fil du temps le curseur s’équilibre et offre d’autres choix.
Ce qui a permis à Emma de remettre en question son « équation mentale », c’est le partage des différentes « équations mentales » des membres du groupe.
L’essentiel, pour elle, étant de remettre du mouvement là où s’était bloqué !
© Valérie BERNIER
reproduction intégrale interdite, tout extrait doit citer mon site www.theraneo.com/valerie-bernier
Mots clés : dynamiqueemotionnelle
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