Le son comme fil d’ArianeDans la Dynamique de Valérie d’Octobre 2017, j’explique que la mantrathérapie, principal outil de la Dynamique Emotionnelle consiste à faire répéter au patient une phrase que j’extrais de son discours et qui me semble correspondre à une dysharmonie, une inhibition, une expérience passée retenue dans un coin du psychisme. Souvent le patient n’a plus accès à ce qui a été refoulé et pire, il utilise beaucoup d’énergie à s’interdire cet accès. Cette répétition va permettre de mettre au devant de la scène des émotions refoulées et non digérées par le passé, pour qu’elles puissent être travaillées, ressenties et analysées.
Lorsque la répétition d’une phrase n’est pas efficace, l’utilisation du son est pertinente.Patrick nous raconte que son père terrorisait toute la famille par ses colères imprévisibles. Il se souvient de la violence qu’il a subit lorsqu’il était enfant.
Ce qui est remarquable dans son récit c’est le détachement avec lequel Patrick évoque son enfance comme-ci il n’était pas concerné par les évènements qu’il relate. D’ailleurs, il précise qu’il ne ressent rien et qu’il a l’impression de raconter l’histoire de quelqu’un d’autre.
Il me fait part d’une sensation de mécontentement général.Je lui propose de dire : « Je ne suis pas content ». Il répète à chaque membre du groupe mais continue de me dire qu’il ne ressent rien. Probablement, que Patrick s’est trouvé devant une telle violence qu’il n’a rien pu s’en dire, mais cette charge affective continue d’agir en sourdine.
Je lui propose alors de
faire le son de ce mécontentement. Il accepte et petit à petit suit le fil vers son ressenti.
Dans un premier temps, le son sort doucement comme un « râle », Patrick s’arrête et écoute l’écho que cela provoque en lui. Il nous dit : « Je sens que je ne sens rien ». Je l’encourage à reprendre, je l’accompagne. Je fais le son avec lui. Je lui demande d’amplifier le son. L’attention étant focalisée sur la production du son, il n’y a plus d’énergie disponible pour les résistances.
Il s’arrête, écoute en lui l’écho et reprend. Il explore les divers sons, module, amplifie, cherche la voie de l’affect qui le fait souffrir. Puis il se met à hurler.
Il nous dira qu’à ce moment-là, le visage menaçant de son père est apparu et que le son, le cri qu’il a exprimé reflète son monde intérieur.
Ainsi Patrick repère que le son qu’il émet le renseigne sur son espace affectif. Il devient ainsi attentif aux sons, aux cris et peut faire des liens entre ce qui apparaît et les expériences passées. Il peut donner de la cohérence à son mécontentement général, en parler et finalement accepter petit à petit le contact avec ses espaces intérieurs douloureux jusque-là bannis, refoulés voire inconnus.
© Valérie BERNIER
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Mots clés : émotion,dynamiqueemotionnelle
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