Beaucoup d’entre nous gardent en mémoire des conseils qui avaient du sens à une autre époque, pour une autre économie, une autre culture et une autre version de gens ; il n’y a pas lieu d’en vouloir à ceux qui vous les ont donnés, surtout s’ils étaient prodigués avec amour, mais vous avez le droit de les adapter voir des les ignorer. Avez-vous grandi en entendant certaines phrases en boucle de la part de vos aînés ?
Des phrases comme « Travaille dur et tout finira par s’arranger » ou « Les vrais adultes se posent et achètent une maison » ?
J’entends encore des phrases classiques de la part des générations précédentes, mais je passe beaucoup de temps à parler à des jeunes de 20 à 40 ans qui pensent : « Ça ne correspond plus du tout à ce qui se passe maintenant. »
Dans la plupart des cas, ces vieux conseils viennent de l’amour.
Ils ont été façonnés par une économie complètement différente, des attentes sociales différentes et des conceptions très différentes de la santé mentale et de l’identité.
Si vous persistez à suivre des conseils qui ne correspondent pas à votre vie, vous finirez par avoir l’impression d’échouer à un jeu auquel vous n’avez jamais consenti.
Passons en revue 8 phrases courantes que beaucoup d’aînés utilisent encore, et pourquoi elles ne fonctionnent plus toujours :
1. l faut suivre un chemin tout tracé pour réussirOn nous a souvent appris qu’il existait une trajectoire « idéale » : grandes études , carrière stable, promotion après promotion, reconnaissance sociale.
Les jeunes générations savent aujourd’hui que la réussite n’a pas de modèle unique.
Changer de domaine, expérimenter plusieurs métiers, partir à l’étranger, créer son entreprise ou travailler en freelance sont autant de façons de construire une vie pleine de sens.
Le problème avec le « chemin tout tracé » est psychologique : il peut vous faire croire que vous échouez dès que vous déviez de la norme.
Une version plus moderne pourrait être : créez votre propre trajectoire. Mesurez le succès par ce qui vous épanoui en harmonie avec vos valeurs, pas par ce que les autres considèrent comme « prestigieux » ou « stable ».
Vous pouvez avancer de façon non linéaire, faire des pauses, changer de cap, et continuer à apprendre. La réussite n’est pas une ligne droite : c’est votre parcours.
2. Ne fais pas d’histoires, respecte l’autorité et reste discret
Il existe une version de ce conseil qui semble judicieuse, mais le problème survient lorsque « respecter l’autorité » devient « ne jamais la remettre en question ».
Les jeunes générations se posent davantage de questions : Pourquoi les choses se font-elles ainsi ? Pourquoi certaines personnes sont-elles exclues ? Pourquoi certaines décisions nuisent-elles à la santé psychologique ou à la planète ?
Je le constate aussi dans les petits moments du quotidien.
Il a des végétariens dans ma famille, et j’ai souvent entendu des membres plus âgés de ma famille leur dire : « Ne fais pas d’histoires, mange simplement ce qu’on te sert. »
Cela ressemble à une tentative de maintien de la paix, mais en réalité cela signifie : « Fais un effort pour que personne d’autre n’ait à réfléchir ou à s’adapter. »
Plus profondément, ce conseil vous apprend à ignorer vos valeurs et instincts.
On finit par passer outre la boule au ventre quand quelque chose cloche, et on cesse de s’exprimer lorsque quelqu’un dépasse les bornes.
Une meilleure approche consiste à respecter les gens en tant qu’êtres humains, et non aveuglément comme des figures d’autorité. Respectez-vous suffisamment pour oser parler lorsque quelque chose est inacceptable.
On peut être ferme sans être agressif, et gentil sans être docile.
3. Reste loyal à ton entreprise et elle prendra soin de toi
Les générations précédentes ont grandi à une époque où la fidélité à long terme envers un entreprise pouvait se traduire par des privilèges, des augmentations régulières et parfois une belle montre à la retraite.
Pour beaucoup d’entre nous aujourd’hui, cela ressemble à un conte de fées.
Beaucoup d’entre nous, on vu des collègues rester des années dans la même entreprise par loyauté, pour finalement être licenciés quand les budgets se sont resserrés, simplement parce qu’un tableur l’exigeait.
Les jeunes travailleurs réagissent à une époque différente.
Changer fréquemment d’emploi, avoir des activités annexes, travailler à distance, diversifier ses carrières : ce sont autant de stratégies pour créer de la stabilité dans un environnement instable.
S’accrocher à l’ancien schéma de loyauté peut vous bloqué dans un rôle qui vous épuise, par culpabilité de le quitter.
Une version plus réaliste pourrait être : soyez fidèle à vos valeurs, à votre santé et à votre développement à long terme, et non à un logo.
4. Travaille dur et ça finira par payer
Travaillez dur, restez discret et la vie vous le rendra.
Dans ma première carrière, j’ai essayé de vivre selon ce principe.
J’arrivais tôt, je partais tard, j’acceptais des heures supplémentaires et j’attendais que quelqu’un le remarque.
Parfois, oui ; mais le plus souvent, on remarquait surtout que je pouvais en faire encore plus.
Ce que les jeunes générations savent instinctivement, c’est que l’effort seul ne garantit rien.
Nous vivons dans un monde marqué par les licenciements, l’automatisation, l’intelligence artificielle, la hausse du coût de la vie et l’instabilité des secteurs d’activité.
Travailler plus dur sans stratégie conduit souvent à l’épuisement, et non à la sécurité.
Le problème est aussi psychologique.
Si vous pensez que « travailler dur équivaut à être digne », alors le repos est perçu comme un échec. Dire non peut sembler égoïste, et on peut même se sentir coupable de vouloir une vie en dehors du travail.
Une version plus constructive de cette pensée pourrait être : travaillez dur sur les bonnes choses, mais travaillez aussi intelligemment, préservez votre santé et rappelez-vous que vous êtes bien plus que votre productivité.
Respectez vos efforts, certes, mais respectez aussi vos limites.
5. Ne parle pas d’argent, c’est mal vu
Avez-vous grandi dans un foyer où l’argent était un sujet tabou ?
Beaucoup d’aînés ont été élevés dans l’idée qu’il était impoli de parler de salaire, de loyer ou de dettes.
Vous pouviez vous plaindre d’être « fauché », mais jamais en discuter ouvertement.
Les jeunes générations n’approuvent plus ce silence.
Ils comparent leurs salaires, partagent des conseils budgétaires, parlent de revenus et dénoncent les inégalités salariales.
D’un point de vue psychologique, le secret autour de l’argent engendre la honte.
Quand on n’en parle pas, on suppose que tout le monde s’en sort mieux. On se croit les seuls à être à la bourre, à avoir fait des erreurs, à « devoir le savoir ».
La transparence, en revanche, engendre clarté et pouvoir. Elle facilite la négociation, la définition d’objectifs réalistes et permet de ne plus prendre les problèmes systémiques personnellement.
Une reformulation moderne de ce conseil pourrait être : choisissez des personnes de confiance et des lieux sûrs, et parlez d’argent ouvertement et respectueusement.
Vous n’êtes pas obligé de publier votre solde bancaire en ligne, mais vous pouvez demander à un collègue sa fourchette de salaire, ou avouer à un ami que vos prêts étudiants vous stressent.
6. Travaille dur maintenant pour profiter de la vie plus tard quand tu seras à la retraite
Ce conseil avait du sens dans un monde où l’on pouvait raisonnablement espérer prendre sa retraite à un âge précis avec une pension clairement définie : travaillez dur pendant 42 ans, puis reposez-vous.
Aujourd’hui, les jeunes générations ont une vision très différente.
L’allongement de l’espérance de vie, le recul de l’âge de la retraite, la moindre stabilité des prestations et, pour beaucoup, le sentiment que l’avenir est incertain d’une manière que les générations précédentes n’ont pas connue, rendent ce conseil moins pertinent.
Sur le plan psychologique, le discours « souffrez maintenant, profitez plus tard » vous conditionne à différer la joie jusqu’à un futur hypothétique.
Vous négligez votre corps, vos relations et vos passions en vous disant que vous aurez le temps pour eux « un jour »… un jour qui n’arrive souvent jamais.
Une approche plus durable consiste à trouver un équilibre entre planifier l’avenir et vivre pleinement le présent.
Cela signifie se demander : « Quels petits moments de vie que je souhaite puis-je accueillir aujourd’hui ? »
Il peut s’agir de cuisiner des repas qui correspondent à vos valeurs, de faire cette randonnée du week-end ou de se réserver une soirée par semaine sans écran et sans stress.
7. Ce que tu ressens doit rester privé, il faut se protéger
Beaucoup de membres des générations précédentes ont grandi dans des foyers où l’on ne parlait pas d’anxiété, de dépression ou de traumatisme, c’était presque une honte d’aller voir un psychologue.
Les jeunes générations, elles, parlent beaucoup plus ouvertement de santé mentale.
Ils suivent une thérapie, prennent des jours de repos pour leur santé psychologique et utilisent des mots comme burn-out, limites et travail émotionnel dans les conversations quotidiennes.
Pour certains aînés, cela peut sembler une faiblesse ; pour beaucoup d’entre nous, cela relève de la survie.
Sur le plan psychologique, « se protéger » signifie souvent se déconnecter de soi.
Avec le temps, on perd l’accès à ses propres problèmes. On ne remarque pas son épuisement avant que le corps n’impose une pause ; on reste dans des situations douloureuses juste par habitude de refouler ses sentiments.
Une version plus nuancée pourrait être : développez votre capacité d’adaptation, mais honorez vos sentiments plutôt que de les refouler.
La capacité à s’adapter consiste à plier sans rompre. Cela signifie prendre conscience de son niveau de stress, demander de l’aide si nécessaire, se reposer et analyser ce qui nous arrive, au lieu de foncer tête baissée.
8. Les adultes responsables se marient, achètent une maison et fondent une famillePour de nombreux membres des générations précédentes, l’entrée dans l’âge adulte suivait un scénario prévisible : finir ses études, trouver un emploi stable, se marier, acheter une maison, avoir des enfants.
Cette voie a fonctionné pour beaucoup d’entre eux.
Les jeunes générations, en revanche, font face à des prix de logement élevés, à des normes relationnelles différentes, à l’anxiété climatique et à la conscience que tout le monde ne souhaite pas ou ne peut pas avoir d’enfants.
Lorsque ce vieux schéma est trop fortement mis en avant, il peut créer une honte profonde.
Vous pourriez vous sentir « en retard » parce que vous êtes locataire, célibataire ou sans enfant par choix ou par nécessité ; vous pourriez minimiser vos propres réussites car elles ne correspondent pas au modèle classique.
D’un point de vue psychologique, il s’agit de redéfinir le succès.
Si vous laissez quelqu’un d’autre définir ce qu’est « être un adulte responsable », vous aurez toujours l’impression de ne pas y être parvenu.
Une version actualisée pourrait être : construisez une vie qui ait du sens pour vous, avec ou sans les étapes traditionnelles.
Cela peut signifier créer une famille choisie avec des amis proches, louer un logement dans une ville que vous aimez, avoir un partenaire sans mariage, ou vivre dans une Toni-house et travailler de façon saisonnière.
Quand des proches plus âgés demandent : « Quand vas-tu te poser ? », essayez de reformuler la question ainsi : « Comment construis-tu une vie qui te ressemble vraiment ? », puis répondez à cette question.
Dernières pensées
Si certaines de ces vieilles phrases tournent encore dans votre tête, vous n’êtes pas seul.
Nombre d’entre nous gardent en mémoire des conseils qui avaient du sens à une autre époque, pour une autre économie, une autre culture et une autre version des gens.
Il n’y a pas lieu d’en vouloir à ceux qui les ont partagés, surtout si cela venait d’un geste bienveillant. Mais vous avez le droit de les adapter.
Voici un petit défi : repérez quel vieux conseil vous pèse le plus en ce moment, celui qui vous fait vous sentir moyen, coupable ou « en retard ».
Puis demandez-vous :
Est-ce vraiment vrai pour ma vie aujourd’hui ?
Si je réécrivais ce conseil pour l’adapter à ma vie, que deviendrait-il ?
Vous avez le droit d’être quelqu’un qui corresponde à vos valeurs, à votre corps, à votre esprit et à votre époque.
En tant que psychogénéalogiste, je vous accompagne à comprendre ces liens invisibles, souvent transmis de génération en génération, qui peuvent peser sur votre bien-être.
© Article de Eric Fontaine,
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Mots clés : générations, parents, croyances, familial, psy
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