Les plus anciennes cultures du monde excellent dans l’art d’élever des enfants heureux et équilibrés. Que peuvent-elles nous enseigner ?
Épuisée, gagnée par la dépression, Michaeleen ne sait plus comment gérer Rosy, sa fille de 3 ans. Crises de rage, demandes incessantes, pleurnicheries… Elle rencontre des difficultés que tous les parents connaissent. Tous ? Peut-être pas. Habituée aux reportages dans les coins reculés, elle décide d’aller vivre avec Rosy en immersion dans trois des plus vénérables communautés du monde : les Mayas, les Inuits et les Hadza. Elle découvre des enfants responsables, autonomes, participant volontairement aux tâches ménagères, et ce sans cri ni conflit. Une parentalité aux antipodes de celle qu’elle pratique, sans aucune des luttes de pouvoir qui jonchent son quotidien avec Rosy. Et si les Occidentaux avaient tout faux en termes d’éducation ? Chasseur, Cueilleur, Parent nous invite à repenser radicalement notre relation avec nos enfants. L’auteure a testé les outils de parentalité de ces anciennes cultures sur Rosy avec des résultats dépassant ses espérances. Oui, nos enfants peuvent apprendre à :
• être responsables, adaptables et coopératifs, comme les Mayas ;
• maîtriser leur colère, comme les Inuits ;
• être autonomes et sûrs d’eux, comme les Hadza.
Découvrez tous les secrets des cultures ancestrales pour élever des humains heureux !
« Un ouvrage salvateur pour résoudre les innombrables conflits qui se lèvent entre parents et enfants. Inspirant et pratique, étayé autant par l’observation et l’expérimentation que par la science. » ISABELLE FILLIOZAT
MON AVIS 
Chasseurs, cueilleurs, parents — Réapprendre à faire équipe avec nos enfants
Certains livres ne se contentent pas de nous informer : ils nous remettent en mouvement.
Chasseurs, cueilleurs, parents, de Michaeleen Doucleff, préfacé par Isabelle Filliozat, fait partie de ceux-là.
Journaliste scientifique américaine, installée à San Francisco, Doucleff raconte comment, malgré ses connaissances et son amour pour sa fille, elle se retrouve complètement dépassée. Les crises, les luttes, la fatigue s’accumulent. Elle réalise alors que quelque chose, dans notre manière moderne d’éduquer, ne fonctionne plus. Ce constat, beaucoup de parents peuvent le partager. Mais elle, au lieu d’ajouter une nouvelle méthode à la pile des recettes existantes, décide d’aller voir ailleurs.
Elle part observer des familles au Mexique, chez les Inuits, puis en Afrique, là où les enfants semblent grandir dans une harmonie naturelle avec les adultes. Ce qu’elle découvre, c’est une autre façon d’être parent : une éducation fondée sur la confiance, la participation, la coopération — sans cris, sans récompenses, sans menaces. Un monde où l’enfant apprend par immersion, parce qu’il fait partie du groupe, tout simplement.
Ce livre ne romantise pas les sociétés traditionnelles, il nous invite à réévaluer nos modèles, à comprendre ce que nous avons perdu dans la modernité : la tribu, l’alloparentalité, cette présence d’autres adultes qui soutiennent le parent et élargissent le cercle éducatif. Aujourd’hui, les parents sont souvent seuls, coupés de cette chaîne humaine qui permettait autrefois d’élever un enfant sans s’épuiser.
En le lisant, j’ai repensé à Le concept du continuum de Jean Liedloff, un autre ouvrage fondateur qui, lui aussi, m’avait frappé par sa simplicité : faire confiance à l’enfant, à sa sagesse organique, à sa faculté d’adaptation. Ces deux livres parlent d’une même chose : d’un retour à l’évidence.
Et c’est là que je trouve une résonance profonde avec la sophrologie existentielle.
Non pas parce qu’elle serait une méthode éducative, mais parce qu’elle est avant tout une école de présence et d’ajustement.
Elle nous apprend à regarder le réel tel qu’il est, à accueillir nos limites, et à réinventer en conscience nos manières d’être au monde.
Dans la parentalité, cette posture change tout : elle permet de vivre la relation à l’enfant non plus comme un rapport de pouvoir, mais comme un dialogue vivant entre deux consciences en évolution.
Ce que Michaeleen Doucleff décrit à travers ses voyages, c’est une éducation fondée sur la confiance active.
Une confiance qui n’est pas naïve, mais consciente : celle qui voit les besoins, qui perçoit les émotions, qui accompagne sans étouffer.
Cette approche rejoint pour moi l’essence même de l’accompagnement existentiel : apprendre à s’adapter, à faire avec ce qui est, à s’ajuster sans se renier.
Nos sociétés codifiées, pleines d’habitudes et de normes, tendent parfois à étouffer ce mouvement naturel.
Et pourtant, l’enfant, par nature, absorbe le monde, observe, imite, crée du sens à travers le lien.
Si on le prive de cette expérience vivante — si on prémâche tout pour lui —, il finit par se conformer à ce que nous attendons de lui, au lieu de se déployer pleinement.
C’est tout le paradoxe de notre époque : nous voulons former des êtres libres, mais nous les contraignons dès l’enfance à correspondre à un modèle.
On confond souvent autonomie et indépendance.
Être autonome, c’est pouvoir agir par soi-même tout en restant relié au groupe ;
être indépendant, c’est souvent vouloir se couper du lien, parfois par révolte, parfois par fatigue.
Nos adolescents en colère ne sont pas fous : ils expriment une tension que le système tout entier génère.
Mais cette révolte, si elle n’est pas comprise, devient une souffrance silencieuse.
J’ai moi-même cherché, dans ma vie de père, à retrouver ce lien plus simple et plus vrai.
Élever mes enfants dans la nature, leur apprendre le nom des arbres, des plantes, des saisons, c’était une manière de renouer avec le monde, mais aussi de vivre l’éducation comme une aventure partagée.
L’instruction en famille a prolongé cette expérience : non pas un refus du système, mais une exploration d’un autre possible.
Et dans tout cela, j’ai vu combien la conscience, la présence, la coopération donnaient sens à la parentalité.
En HypnoNaissance®, on parle souvent de cette idée d’équipe — le couple qui, dès avant la naissance, apprend à se relier à l’enfant, à respirer ensemble, à accueillir la vie plutôt qu’à la contrôler.
Ce livre, d’une autre manière, porte le même message : la parentalité comme un travail d’équipe, humble et vivant, qui continue bien après la naissance.
C’est ce que j’appelle, au fond, une parentalité consciente : celle qui ne cherche pas la perfection, mais la justesse.
Celle qui relie l’humain à la vie, le parent à l’enfant, dans un mouvement d’adaptation et de confiance.
Et c’est là, je crois, tout le sens que Chasseurs, cueilleurs, parents redonne à notre époque : l’invitation à redevenir humains ensemble, dans la simplicité du lien.
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