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NAÎTRE ET EXISTER
Gabriel VOISIN EI
Sophrologue Existentiel et Educateur HypnoNaissancesophrologie, stress, grossesse, accouchement, naissance
Naître et Exister
Gabriel VOISIN
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ARTICLES / DÉVELOPPEMENT PERSONNEL

SPINOZA AVAIT RAISON, CORPS, ESPRIT ET CONSCIENCE, UN DIALOGUE VIVANT.

article de Gabriel VOISIN du 27/07/25 10 minutes 15 0
Dans Spinoza avait raison, joie et tristesse, le cerveau des émotions, Antonio Damasio explore la manière dont notre corps donne naissance aux sensations, aux émotions, et comment notre esprit en retire un sentiment de soi, et plus encore, à ce qui fonde notre humanité. En lisant ce livre, j'ai ressenti une joie mêlée d'étonnement, ce que j'ai vécu personnellement, ce que j'ai pu voir se transformer lors des accompagnements autour de l'accouchement ou en sophrologie, trouvant enfin une résonance dans une explication biologique claire et profonde.
Je suis Gabriel Voisin, praticien en sophothérapie existentielle et éducateur certifié en HypnoNaissance®. Depuis plusieurs années, j'accompagne des femmes, des couples, des pères, dans cette aventure intime et bouleversante qu'est la naissance. J'ai une foi solide dans l'efficacité de ce que je propose, pour l'avoir expérimenté moi-même et avoir vu mes patients en bénéficier mais croire n'est pas suffisant. Au-delà des techniques concrètes, il est important de comprendre sur quelles bases biologiques, scientifiques, s'appuient les méthodes que j'utilise. Et Damasio m'aide à mettre des mots et à faire des liens pertinents avec les expériences vécues, parfois peu ordinaire, de mes patientes lors de leur accouchement et dans mes autres accompagnements.



Un livre qui pense l'humain comme un tout, corps-esprit

Ce qui marque dans ce livre, c'est que Damasio ne cherche pas à opposer les plans, corps-esprit. Il les unifie en s'inspirant de la philosophie de Spinoza, qui ordonne les besoins humains, les appétits qui en découlent, les émotions qui surviennent et aboutissent à des sentiments. Il reconnaît l'interdépendance du corps et de l'esprit, leur résonance et leur capacité à produire ce que nous appelons la conscience, l'expérience de soi, le sentiment de soi.

Damasio rejoint profondément ce que j'ai pu explorer en sophrologie existentielle, où on comprend que la conscience émerge des perceptions sensorielles, des émotions, des sentiments, qui forment un sentiment d'être dans le temps. Ce sentiment de soi est dynamique, évolutif, il peut être réactualisé, transformé, notamment par des pratiques telles que la sophrologie le propose et qui viennent reconfigurer les liens entre passé, présent et futur, ce que Cycedo appelait la tridimensionnalité de l'être.
Damasio écrit d'ailleurs à propos de ce que nous sommes spirituel.
« Premièrement, j'assimile la notion de spirituel à une expérience intense de l'harmonie, où le sentiment que l'organisme fonctionne avec la perfection la plus grande possible. » p 290
Cela déplace la spiritualité hors du registre mystique ou religieu, pour en faire l'expression d'un état vécu, d'accord profond entre ce que je ressens, ce que je pense et ce que je vis. La nature harmonieuse et organisée étant cet ordre « divin » selon Spinoza.
La sophrologie dans son étymologie ne vise rien d’autre que l’étude de la conscience harmonieuse à travers l’unité corps/esprit.

Une construction lente, enracinée dans l’enfance

À ce stade, il me semble important de faire un lien avec ce que Damasio évoque dans les pages 120 à 122, lorsqu’il revient sur la critique adressée à William James :

« Il se trouve aussi qu’il faut du temps pour avoir des sentiments. L’expérience mentale de la joie ou de la tristesse implique une certaine durée (( … )) les sentiments ne dérivent pas nécessairement des états réels du corps (( … )) mais des cartes réelles construites à un moment donné dans les régions sensibles du corps et du cerveau. » (p.120-122)

Ce que je comprends ici, et qui m’a profondément éclairé, c’est que les sentiments de soi ne sont pas des réponses instantanées à un état corporel donné, mais plutôt des constructions progressives, des empreintes que le cerveau a enregistrées à partir de l’enfance, par la répétition d’expériences corporelles, affectives et relationnelles.

Cela rejoint des approches psychologiques qui suggèrent que le sentiment de soi s’installe dès les premières années de vie, à travers des expériences récurrentes de sécurité, d’attachement, de plaisir ou de douleur. Ces expériences forment des représentations durables, qui deviennent ensuite des cartes “préinstallées”, activées plus rapidement que les signaux corporels réels.
C’est peut-être pour cela que l’on observe, chez les enfants, une sensibilité émotionnelle plus brute, plus lente à réguler — parce que les cartes sont encore en construction. Alors que chez l’adulte, les représentations préconstruites permettent une réactivité accrue, mais parfois au prix d’un décalage entre le corps réel et ce que l’on croit ressentir.
Cette idée m’inspire profondément : elle valide l’importance d’un travail d’exploration du corps, de présence à soi, pour réajuster ces cartes. Et c’est précisément ce que permettent certaines pratiques d’accompagnement : revenir aux sensations, actualiser les représentations, se réconcilier avec une perception plus fine, plus directe, du corps et de l’instant vécu.

Photo de Alexander Grey

La construction du soi à partir du corps

Dans cette perspective, comprendre comment s’élabore ce sentiment d’unité devient essentiel. Et c’est ce que Damasio propose. Pour lui, tout commence par le corps.

« À n’importe quel moment au cours de notre vie, les régions sensibles au corps reçoivent des signaux avec lesquels elles construisent des cartes de l’état actuel du corps. Nous pouvons nous figurer ces cartes comme un ensemble de correspondances venues de partout dans le corps jusqu’aux régions sensibles au corps du cerveau. Cette image limpide est quelque peu brouillée par le fait que d’autres régions du corps peuvent interférer directement avec la transmission de signaux aux régions sensibles du corps ou directement avec l’activité de ces régions elles-mêmes.
Le résultat de ces interférences est des plus curieux. Pour notre esprit conscient, il n’y a qu’une source de connaissance de ce qui se passe dans le corps : la structure d’activité présente à un moment donné dans les régions sensibles au corps (dans le cerveau). Dès lors, toute interférence avec ce mécanisme peut créer une "fausse" carte de ce qui transparaît dans le corps à un moment bien particulier. » (p.122-123)

Ces cartes corporelles sont la base sur laquelle se forment nos états de conscience. Et leur plasticité, leur capacité à être modifiées, nous ouvre à une compréhension précieuse : nous pouvons agir sur ce que nous ressentons, sans nécessairement modifier ce qui se passe dans notre corps.

Le cerveau, sculpteur d’expérience

Damasio développe l’idée qu’au fil de l’évolution, le cerveau a appris à moduler, filtrer, simuler les états corporels :
« Par divers moyens, le cerveau nous permet d'avoir des hallucinations de certains états corporel. On peut imaginer comment une telle caractéristique est apparue au cours de l'évolution. Au début, le cerveau ne produisait que des cartes directes de l'état du corps. Ensuite d'autres possibilités ont émergés, par exemple l'élimination temporaire de l'encartage des états du corps comme ceux qui culminent dans la douleurs." (p127)
Il parle alors d’un mécanisme qu’il avait nommé dans L’erreur de Descartes : la boucle quasi corporelle :
« Le cerveau crée momentanément un ensemble de cartes corporelles qui ne correspondent pas exactement à la réalité actuelle du corps. Il utilise les signaux qui arrivent du corps comme l’argile pour sculpter un état particulier du corps dans les régions où une telle structure peut être construite, c’est-à-dire les régions sensibles du corps. Ce qu’on sent alors est fondé sur cette "fausse" construction, pas sur l’état réel du corps. » (p.125-127)

C’est un des fondements de ce qu’on appelle en neurobiologie la plasticité des représentations sensorielles. Et cela a des applications très concrètes.

Photo de KATRIN BOLOVTSOVA

L’analgésie naturelle : quand le cerveau filtre la douleur

Dans certaines situations, comme l’accouchement ou un choc émotionnel intense, le cerveau peut produire une interférence bénéfique : il réduit la transmission des signaux douloureux au niveau du tronc cérébral. Damasio décrit ainsi l’activation naturelle de circuits comparables à ceux des analgésiques :

« L'ANALGESIE NATURELLE
Un bon exemple de "faux" encartage corporel se produit dans certaines circonstances lorsque le cerveau filtre les signaux nociceptifs du corps. Il élimine bien des cartes corporelles centrales les structures d'activité qui permettraient autrement l'expérience de la douleur...Nous disposons désormais de données détaillées sur la façon dont se produit cette forme d'interférence. Les noyaux situés dans la partie du tegmentum du tronc cérébral qu'on appelle le gris périaqueducal (GPA) distribuent des messages par les voies nerveuses qui transmettent normalement les signaux liés à une lésion des tissus et donnent lieu à l'expérience de la douleur. Ces messages empêchent les signaux de passer. Naturellement ce filtrage crée une "fausse" carte du corps. Le lien avec le corps de ce processus n'est pas douteux bien sûr. Il confirme même le lien de dépendance entre le sentiment et le "langage" que constituent les signaux . Seulement ce que nous ressentons réellement n'est pas exactement ce que nous aurions ressenti sans la sage interférence du cerveau. L'effet de cette interférence est l'équivalent de la prise d'ne forte aspirine ou de morphine, ou encore d'anesthésie locale. Sauf, bien sûr, que c'est le cerveau qui agit et que ce phénomène est naturel. Incidemment, la métaphore de la morphine s'applique bien parce que l'une des variétés de cette interférence utilisent des analogues de la morphine engendrés naturellement et de façon interne- des peptides opioïdiques comme les endorphines. Il existe plusieurs classes de peptides opioïdiques et tous sont fabriqués naturellement dans notre corps. C'es pourquoi ont les apelles les endogènes. Ils comprennent les endomorphines, les enképhalines et la dynorphine en plus des endorphines. Ces molécules se lient à des classes spécifiques de récepteurs situés dans certains neurones de certaines régions du cerveau. Ainsi en cas de besoin, la nature nous fournit l'injection analgésique que le médecin compassionnel administre au patient qui souffre." (p122-123)
Ce que cela éclaire dans l’HypnoNaissance®
Ces données m’ont beaucoup aidé à comprendre ce que j’ai pu vivre, observer et avoir comme retour : lors de certains accouchements, il semble que les femmes accèdent à une forme de conscience modifiée, où la douleur ne s’exprime pas, ou différemment.

et Damasio d’ajouter :
" Si ce trait agréable (auto-analgésie par l’interférence avec les états réels du corps) n'avait pas été ajouté au menu de notre cerveau, l'évolution aurait même pu laisser tomber l'accouchement en faveur d'un mode moins douloureux de reproduction. » (p124)

Loin d’être une simple anesthésie mentale, c’est un processus naturel, soutenu par des pratiques qui permettent au cerveau de filtrer les signaux douloureux, et de construire de nouvelles cartes : des représentations corporelles cohérentes avec un état de sécurité, de confiance, de calme.

C’est ce que permet, par exemple, la pratique des effleurements : en stimulant la peau de façon douce et continue, on envoie au cerveau une multitude de signaux de confort. Ces signaux peuvent interférer avec ceux qui, sans ce contexte, auraient été perçus comme nociceptifs (provenant du périnée ou du pubis, par exemple).

On crée alors un cercle vertueux : confort ) détente ) baisse de vigilance au danger ) production d’ocytocine/endorphines ) fluidité du travail ) renforcement du confort.
En lieu est place du cercle vicieux Peur ) Tension ) Douleur )productions de catécholamines ) travail pénible ) diminution des chances d’accouchement physiologique.

On pourrait parler ici d’une causalité circulaire, ou penser l’individu comme un système vivant : chaque signal modifie l’ensemble du système, vers plus de tension ou vers plus d’harmonie.

Photo : Raphaël Khan

De l’expérience au savoir, de la confiance à la compréhension

Lire Spinoza avait raison m’a permis de mettre en mots, en science, en structure, ce que j’ai eu la chance de vivre.
Cela ne retire rien à la puissance du vécu. Mais cela donne de la confiance. Cela permet de dire : ce que je vis n’est pas un mystère isolé, c’est le déploiement d’une intelligence du vivant, que la science commence à comprendre, sans l’appauvrir.
Et cela rejoint ce que j’ai toujours senti : que le changement est possible, que l’on peut actualiser sa manière d’être au monde, et que cela passe — d’abord — par le corps, par les sensations, par les émotions, par la conscience que l’on cultive.
© Gabriel VOISIN
reproduction intégrale interdite, tout extrait doit citer mon site www.theraneo.com/naitre-et-exister

Mots clés : sensation, émotion, sentiment, corps, esprit, conscience, spinoza, sophrologie, hypnonaissance

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