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NAÎTRE ET EXISTER
Gabriel VOISIN EI
Sophrologue Existentiel et Educateur HypnoNaissancesophrologie, stress, grossesse, accouchement, naissance
Naître et Exister
Gabriel VOISIN
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ARTICLES / SOPHROGROSSESSE

LA SOPHROLOGIE EXISTENTIELLE UNE SECONDE CHANCE POUR UNE NAISSANCE SANS VIOLENCE

article de Gabriel VOISIN, publié le 17 juin 2023
14 minutes 1279 4
Quand je lis Frédérick Leboyer, j’entends tellement mon expérience vécue avec la Sophrologie Existentielle. La transformation qui s’est opérée en moi durant ma formation presque comme une seconde gestation m’offrant un nouveau corps et un nouveau souffle. L’art de Leboyer est d’avoir une grande qualité de présence à l’autre et de savoir écouter les bébés. Il m’inspire et me donne espoir d’être et de devenir aussi vertueux comme thérapeute. J’accompagne les femmes enceintes durant leur grossesse dans ce moment unique de leur vie. Ma pratique professionnelle est empreinte par la philosophie de Leboyer et du courant existentielle de la sophrologie. Je vous propose de découvrir dans cet article les liens qui unissent à mon sens ces deux philosophies.

L’esprit de Fréderik Leboyer



« Pour une naissance sans violence » édité en 1974 pour la première fois est un livre qui a fait polémique dans le milieu hospitalier, démontrant que régnait un environnement psychologique dysfonctionnant autour de la mère et de l’enfant en salle d’accouchement. Ce livre a été accueilli avec grande difficulté par certains professionnels et souvent avec hostilité tandis que d’autres attendaient impatiemment une critique de leur pratique(1). Les parents à l’avant-garde du soin de l’enfant on fait de ce livre une référence dans leur militantisme(2) pour la défense des bébés.
L’approche sensible du Dr Leboyer au sujet de la naissance vient rencontrer le lecteur, la lectrice dans son intimité vécue, mais oubliée, celle de sa propre naissance. On ne peut alors s’empêcher de se demander en toute sympathie quelles ont été nos propres conditions de naissance ou de repenser à celles de nos enfants. C’est à l’époque un nouveau paradigme que propose Leboyer de considérer l’enfant comme un être sensible que nous nous devons d’accueillir dans les meilleures conditions. Nos bébés ne sont-ils pas l’avenir de l’humanité ?

Leboyer décrit et comprend avec une grande empathie pour les bébés toutes les sensations qu’ils traversent depuis la grossesse jusqu’au processus de leur naissance alors qu'habituellement à cette époque nous commencions à peine à nous inquiéter du confort de la mère. Leboyer concevait que chaque soin donné à l’enfant laissait une empreinte à vie sur la santé de celui-ci au niveau physique ou psychique. Nous savons aujourd’hui que le caractère de l’enfant se forge dès sa vie utérine et Leboyer décrit bien le sentiment océanique du fœtus quand tout petit, il bénéficie de beaucoup de place dans l’utérus. Peut-être a-t-il l’impression d’être un tout en pleine présence à lui-même ? Puis il grandit encore, l’espace se réduit pour lui dans sa matrice et à un stade avancé de la grossesse les premières contractions peut-être stressantes au début viennent le presser lui faisant prendre encore plus conscience de sa forme, forme que son cerveau imprimera plus profondément lors de sa naissance lorsque tout son corps sera moulé dans la voie de naissance. Leboyer pense encore que le bébé est acteur et est encouragé par sa maman à se mettre au monde. Et là en dehors l’utérus, c'est tout un nouveau monde sensoriel qu’il découvre comme si c’était la première fois, de nouvelles sensations de toucher, une audition moins aquatique, une luminosité si puissante, des odeurs démultipliées et bientôt le goût lacté dans la bouche.

Les études sur les enfants qu’il a accompagné à naître démontrent une meilleure santé globale même si le principal objectif était d’abord de diminuer la douleur. Et que propose la pratique de la sophrologie existentielle, si ce n’est de retrouver un sentiment de plénitude remplie de phénomènes conscientisés, de sensations ? Ne participons-nous pas à chaque fin de séance à nous remettre au monde comme si c’était la première fois afin d’actualiser notre sentiment d’existence ?

La Sophrologie Existentielle pour une renaissance à soi


La Sophrologie est une pratique élaborée par Alfonso Caycedo à partir des années 60, il s’appuie sur ses connaissances de neuropsychiatre ainsi que sur les recherches sur la conscience qu’il a menées durant ses voyages en Asie. De ce fait sa vision de l’être humain est semblable à celle de Leboyer en ce point qu’elle est influencée par une culture asiatique (yoga, ayurvéda, zen…). Le courant existentiel de la sophrologie est structuré par la phénoménologie, qui est un courant philosophique qui se propose d'appréhender la réalité telle qu'elle se donne à percevoir à travers les phénomènes et d’étudier ces phénomènes d’expériences vécues et de conscience comme étant des phénomènes de la pensée elle-même(3) . La Sophrologie Existentielle est donc une discipline qui se fonde tant sur des connaissances occidentales que sur des savoirs et pratiques venant d’Orient. Son objectif principal est d’amener chaque individu par une pratique régulière à prendre conscience de lui-même au moment présent (le dasein) afin de maintenir une harmonie dans le mouvement de la vie.

Les deux premiers degrés de la sophrologie nous emmènent à nous concentrer sur la matière, notre corps. En répétant les exercices, en percevant les phénomènes et en conscientisant nos sensations nous enrichissons la représentation que nous avons de notre être, de notre schéma corporel. En travaillant sur notre forme, nous engageons notre peau, notre limite corporelle et nous favorisons notre individualisation dans ce monde. Le pratiquant quitte peu à peu ce mode de fusion qu’il a connu tout bébé avec sa mère puis plus tard avec son environnement, non pas pour devenir un être individualiste, mais au contraire se respecter soi-même en respectant l’individualité radicale des autres. Il prend aussi durant ces premiers degrés, conscience de sa globalité et de son unité corps/esprit.

Les degrés supérieurs de la sophrologie viennent surtout engager le pratiquant sur ses valeurs, sa conscience, sa temporalité et son énergie vitale. Cet élan vital qui est en nous sans discontinuité depuis la fécondation et même l’on peut considérer qu’il nous est transmis du fin fond des temps venant des impulsions de vie primordiales. Le pratiquant raccroche durant cette séance avec le sentiment océanique de bien-être connu in utéro, dans sa présence à soi il se sent bercé et contenu par la voix du sophrologue peut être comme dans les bras de sa mère pour enfin se remettre au monde avec la plus grande bienveillance possible, avec un regard neuf sur le monde. Chaque séance de sophrologie peut alors se vivre comme une renaissance.

La Sophrologie Existentielle une seconde chance pour une naissance sans violence


La naissance, c’est l’inconnu, « La peur, c’est l’inconnu, le totalement nouveau, le non reconnaissable… Pour épargner la peur au nouveau-né, il n’est que de lui donner, constamment des points de repère. Et de ne lui dévoiler le monde, son nouveau royaume, qu’avec une infinie lenteur d’infinies précautions. « De tant de nouvelles sensations, il faut ne lui donner que ce qu’il peut intégrer. »(4) . Rappelant ici que le rôle du parent est de parer les émotions trop fortes à l’enfant. Le rôle du sophrologue n’est pas celui du parent, mais il doit à mon avis incarner la bienveillance tout comme un père, une mère et d’accueillir les émotions et les sensations inconditionnellement et sans jugement afin de soutenir le sophronisant(5) à mémoriser ce qu’il peut intégrer à chaque fin de séance tout en lui laissant son autonomie.

Le bébé en début de grossesse vit ce sentiment océanique. Il est présence, il est dans l’épochè(6) la plus totale. La naissance est le voyage qui le fait changer d’environnement, il découvre le froid et le chaud, le clair et l’obscure, la faim et la satiété, il découvre aussi pour la première fois la respiration. « En respirant, l’enfant prend le chemin de l’indépendance, de l’autonomie, de la liberté.»(7) , et cette première respiration doit être respectée ne pas être brusquée car, quand les premières respirations sont angoissantes, par un cordon coupé trop tôt par exemple provoquant une apoxie, le fait de respirer peut être ancré, dans un réflexe pavlovien, comme une agression. La vie devient alors « ce contre quoi il faut se défendre »(8). En sophrologie existentielle la respiration est la clé du retour à soi, faire cesser le jugement et les nombreuses pensées, les respirations dirigées et le fait de les intégrer en conscience permet d’ancrer que la respiration n’est pas à combattre, elle est plutôt à apprivoiser et à considérer comme l’amie qui nous aide à trouver la sérénité et l’harmonie. Si nous avons connu une naissance violente nous avons tout intérêt à la découvrir de cette façon plus positive ou encore comme un battement de vie à accueillir, un souffle vital afin de transformer peu à peu notre sentiment d’existence et respirer plus librement.

Aussitôt né le bébé doit aussi lutter avec le phénomène de pesanteur, il la découvre pour la première fois et l’impression doit être forte de s’écrouler sous son propre poids. S’il n’est pas assez soutenu et contenu dans les bras de la mère et du père aimant, il prend peur et active des réflexes de survie prenant la vie comme un fardeau. Leboyer insiste sur le fait que l’enfant doit trouver un appui, un nouvel ancrage sur le ventre de sa mère et que l’on doit lui laisser le temps de se déployer en douceur plutôt que de dérouler brutalement sa colonne vertébrale. Cela évoque en moi la conscience que donne une séance de sophrologie de l’ancrage qui est conscientisé par la lecture des points d’appui du corps en posture assise ou verticale. C’est tout un travail sur le schéma corporel que la sophrologie propose, de prendre le temps de faire les exercices en se respectant et de percevoir son propre schéma corporel avec une concentration. Con-Centration, c’est-à-dire avec une attitude centrée, alignée autour de ce qui représente notre axe physique, cette colonne vertébrale qui relie le bas et le haut, le haut et le bas. Cette colonne qui est aussi notre axe énergétique, là où moelle épinière et les flux électriques transportent les messages nerveux. La sophrologie propose de retrouver notre verticalité juste et harmonieuse dans chaque redéploiement de fin de séance, en toute bienveillance, à son propre rythme et dans un nouvel élan vital.

Lorsque les contractions sont trop fortes le bébé ressent sur sa peau l’effort de la poussée utérine il peut alors une fois adulte avoir gardé et associé négativement cette mémoire inconsciente avec le touché « Le monstre, une fois encore… Et c’est alors que tout explose »(9). Il est possible que ce domaine sensitif soit entravé dans son développement par des mémoires de naissance. La sophrologie existentielle dans les exercices du second degré vient ramener la conscience des limites du corps avec une plus grande douceur, en répétant les exercices de conscientisation de sa forme, il est possible pour le sophronisant de se réapproprier ce sens du toucher en intégrant de nouvelles sensations plus confortables. La magie de l’équation existentielle opère(10).

Conclusion


Pour oublier la douleur de la naissance Leboyer dit que le bébé replonge dans le sommeil, l’adulte n’en fait-il pas autant en restant inconscient à sa souffrance ? L’Homme moderne n’a-t-il plus de rite de passage pour renaître ? Comme un bébé sorti de l’utérus et qui est ébloui violemment par les rampes de la salle d’accouchement, l’adulte qui sort de sa caverne, de sa prison mentale, de sa zone de confort, comme aveuglé par le nouveau, l’inconnu, replonge dans sa matrice pour ne pas souffrir, le connu le rassurant. Cette allégorie de la caverne, si chère à Caycedo nous la vivons chaque jour. Je crois que les thérapies sont les nouveaux rites de passage pour sortir de nos certitudes et continuer de s’élever en toute sérénité vers plus de conscience, de bien-être et d’harmonie. Il faut alors des accompagnants bienveillants pleinement présents à l’autre, tel un Dr Leboyer qui dépasse son savoir et se permet de percevoir avec le cœur et les tripes.
Et lorsque le bébé sort de l’utérus comme dans un sommeil, les parents et les médecins sont inquiets alors qu’il est tout à fait possible de naître ainsi, je l’ai vu de mes propres yeux. Ce qui devrait être ce à quoi nous aspirons, nous paraît encore étrange. La femme a le droit à une naissance sans violence, son bébé aussi ! Prenons soin de ces instants de vie uniques et fondateurs. La Sophrologie Existentielle nous donne l’occasion à chaque séance de nous remettre au monde avec la plus grande douceur et sans effacer notre passé d’intégrer, de mémoriser une nouvelle version de nous-mêmes qui soit plus juste et alignée avec nos valeurs et de réparer peu à peu ce que nous n’avons pas pu avoir.

Tout comme notre vie d’adulte est conditionnée par notre sentiment d’existence élaboré à partir des expériences vécues durant notre historicité, la grossesse et notre naissance marquent profondément le caractère que nous développerons. « Eh bien, il est possible, en effet que la naissance laissa sa marque et du vécu de cette expérience l’attitude ultérieure, la manière dont l’enfant réagira, le goût qu’aura pour lui, l’existence »(11), l’enfant pour certains s’élève pour d’autres il se programme « A Sparte on jetait les bébés par terre. Et cela faisait des Spartiates »(12) . Voulons-nous programmer des guerriers ou élever des pacifistes ? Quels enfants laissons-nous à la planète et aux autres peuples voire même à l’espace, nous qui avons désormais l’ambition de voyages stellaires ? Je comprends la citation de Michel Odent « On ne changera pas le monde, si on ne change pas d'abord la façon de mettre au monde »(13) en ce sens que ce que nous imprimons comme premier vécu au bébé aura une influence ultérieure sur son comportement et que chaque individu forme le monde. Il est tout de même bon de conserver l’espoir en gardant à l’esprit que la résilience est possible. Alors soyons doux avec les bébés, notre enfant intérieur et changeons le monde naissance après naissance.

Il est cependant essentiel de reconnaître les limites inhérentes aux pratiques de la naissance sans violence et de la sophrologie existentielle. Bien que ces approches offrent des perspectives et des bienfaits significatifs, il est important de garder à l'esprit qu'elles ne sont pas omnipotentes ni omniscientes. En tant que praticiens et accompagnants, nous sommes simplement engagés dans la recherche de contribuer à l'évolution de l'humanité. Cela implique d'accepter nos limites en tant qu'individus et en tant qu'êtres humains.

La naissance sans violence et la sophrologie existentielle nous invitent à adopter une approche sensible et bienveillante envers les enfants à naître, ainsi qu'envers nous-mêmes. Elles mettent l'accent sur l'importance de créer un environnement favorable pour accueillir les bébés dans les meilleures conditions possibles et d'accompagner les individus à développer une conscience profonde de leur existence.

Toutefois, il est essentiel de reconnaître que ces approches ne peuvent pas garantir une absence totale de douleur ou de difficultés. La naissance reste un événement complexe et individuel, influencé par de nombreux facteurs. De même, la sophrologie existentielle offre des outils pour prendre conscience de soi et développer une harmonie dans notre vie, mais elle n'est en aucun cas une méthode qui résout les problèmes ou élimine les souffrances. Elle permet par contre de déployer sa responsabilité et sa liberté d'être.

En fin de compte, il revient à chacun de trouver sa propre voie et d'explorer les différentes approches qui résonnent avec sa vision et ses besoins. La naissance sans violence et la sophrologie existentielle peuvent être des ressources précieuses dans ce cheminement, mais il est important de les aborder avec une conscience lucide de leurs limites. En embrassant ces principes, nous pouvons continuer à nous engager dans des pratiques qui contribuent à l'épanouissement de l'humanité et à notre propre développement personnel.

Je termine plus en légèreté avec une dernière citation de Leboyer :
« Naître, c’est entrer dans cette dimension, cette oscillation, dans cette pulsation universelle qu’est la vie. Et que la respiration manifeste en nous. C’est s’ouvrir, s’offrir à elle, c’est s’embarquer dans cette fragile nacelle qui maintenant, nous porte d’une rive à l’autre. »(14)

Gabriel Voisin,
Sophrologue Existentiel, Educateur HypnoBirthing


Relecture Elisabeth Durrieu formatrice en Sophrologie Existentielle

1note 1 https://www.persee.fr/doc/bupsy_0007-4403_1976_num_29_322_10742
2 note 2 https://www.la-croix.com/Famille/Frederick-Leboyer-pere-naissance-sans-violence-2017-07-08-1200861464
3note 3 https://fr.wikipedia.org/wiki/Ph%C3%A9nom%C3%A9nologie_(philosophie)
4 « Pour une naissance sans violence »Frédérik Leboyer éd Points IV/2 p139
5 Pratiquant d’une séance de sophrologie
6 Suspension du jugement
7 Ibid. III/11 p69
8 Ibid. III/12 P71
9 Ibid. II/10 P45
10 Sensation + sensation+ sensation = Emotion
Emotion+ émotion+émotion= Sentiment
Sentiment+sentiment+sentiment= nouveau sentiment d’existence
11 Ibid. IV/6 P149
12 Ibid. IV/6 P150
13 Michel Odent «Le bébé est un mammifère »
14 Ibid. IV/6 P148
© Gabriel VOISIN
reproduction intégrale interdite, tout extrait doit citer mon site www.theraneo.com/naitre-et-exister

Mots clés : naissances, accouchements, bébé, naturelles, violences

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