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Marianne NYS
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Marianne NYS
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LE SOMMEIL, ARME DE RÉSISTANCE MASSIVE ?

article, publié le 21 mars 2017
5 minutes 81 2
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De quoi rêve le capitalisme ?
De disposer de travailleurs opérationnels vingt-quatre sur vingt-quatre.
Comment s’y prend-il ?



En abolissant la frontière entre travail et loisir.

Comment s’en sortir?
En dormant sur nos deux oreilles.
C’est la thèse reposante du théoricien de l’art Jonathan Crary.

Que faisons-nous en nous levant la nuit pour lire nos e-mails ?
À quelle étrange pression cédons-nous lorsque, au lieu d’aller nous recoucher, nous nous octroyons une demi-heure de surf sur le Web entre 3 et 4 heures du matin?

Est-ce un acte de liberté, de curiosité, ou le symptôme d’une soumission de plus en plus complète à une nouvelle, et très retorse, forme d’exploitation?
Cette demi-heure de navigation nocturne n’est pas innocente. Non seulement elle nous prive d’une phase de sommeil profond, mais elle enrichit de façon vertigineuse un petit nombre d’opérateurs du marché numérique.
Elle permet l’intrusion masquée de nouveaux dispositifs de travail, à la fois volontaires et inconscients, qui s’installent au cœur de nos existences.

Debout, les forçats du clavier !
Plus de temps libre, un travail mieux partagé, plus autonome et plus intelligent… telles étaient les promesses de la « nouvelle économie », que des auteurs comme Jeremy Rifkin formulaient dans les années 1990.
Les hiérarchies rigides de la production industrielle devaient faire place à une économie plus collaborative, où l’échange des savoirs accompagnerait la croissance des services.
La circulation plus fluide des informations devait modifier la notion même de travail et de compétence.

Vingt ans plus tard, un sourd malaise règne chez les forçats du clavier que nous sommes devenus. Au vieux stress industriel succèdent des maux plus sournois liés à l’informatisation globale.
Soumis à une évaluation permanente issue de leur propre flux de données numériques, de nombreux salariés se plaignent de la flexibilité des horaires et de la volatilité des tâches. À la souffrance de la spécialisation et de la répétition s’est substitué un sentiment chronique d’insuffisance, de dispersion, de dépossession. Parcellaire, morcelée, la vie des « créatifs » a cessé d’être gratifiante. Le sentiment d’une « perte de savoir-faire » a gagné le monde des cadres et s’étend jusqu’aux sphères de la finance.

La mutation la plus radicale ne concerne pas le temps de travail proprement dit. Elle réside dans l’effacement des frontières entre loisir et travail. Les domaines les plus performants de l’économie contemporaine s’appuient désormais sur la mobilisation générale des consommateurs, le plus souvent avec leur apparent consentement. La valeur de ces monstres du Web que sont Facebook ou Twitter repose non pas sur l’activité de leurs salariés mais sur le trafic incessant de leurs utilisateurs et abonnés.
Nos vies de consommateurs, nos vies tout court, deviennent une immense force de travail gratuite et déguisée.
Nos innombrables clics sont les nouveaux VRP.
Nous devenons des bureaux de tendance et des conseillers commerciaux immanents au marché.
Les traditionnels tests auprès des acheteurs ont été détrônés par un perpétuel et silencieux crowdsourcing, c’est-à-dire une collecte à la source des habitudes de consommation.
Les sites d’achat en ligne nous informent qu’ils enregistrent les informations relatives à nos préférences.
Les cookies se chargent de transmettre ce que nous ne transmettons pas explicitement.
Les publicités que nous recevons sont de plus en plus ciblées.

Une mise à disposition de notre temps tout entier, une mobilisation de notre vie intime : tel est l’horizon de cette nouvelle économie où le mot « travail » perd son sens.
Selon Jonathan Crary, le nouveau capitalisme des écrans détruit les anciens rythmes et les anciennes périodicités. « En raison de la perméabilité, voire de l’indistinction, entre temps de travail et temps de loisir, les compétences et les gestes qui étaient autrefois réservées au lieu de travail font à présent partie de la structure 24/7 (24 heures par jour, sept jours sur sept) de nos vies électroniques.
L’ubiquité des interfaces électroniques conduit inévitablement les utilisateurs à chercher toujours plus de fluidité et de souplesse dans leur utilisation. »
Plus de dimanche ou de jours fériés, plus de saisons, plus de jours ni de nuits. Se lever la nuit pour naviguer sur Facebook, c’est se laisser absorber tout entier par une sphère où producteur et consommateur se confondent, mais où de gigantesques profits sont accumulés par les opérateurs.

Le sommeil, qui est le temps vécu le plus loin possible de l’économie, tend lui aussi à se fragiliser.

Dans l’ensemble des pays développés, le temps de sommeil moyen a diminué d’une heure trente en l’espace de cinquante ans.
Aux États-Unis, il avoisine désormais six heures par nuit.
Insomnie, connexion nocturne et prise de stimulants aggravent son érosion.
Le temps que nous passons à dormir et donc à rêver risque de se réduire encore.

Jusqu’où ira l’aliénation ?
Au bout de ce processus, Jonathan Crary annonce une « exténuation totale du pouvoir de rêver », c’est-à-dire une forme d’enfer ultime. Plus nous serons intégrés au Web des réseaux sociaux et des achats en ligne, plus nous surferons sur les images qui excitent nos pulsions en nous promettant leur satisfaction immédiate, plus nous disloquerons notre temps vécu et notre psychisme, et plus nous ferons prospérer l’ensemble du dispositif. C’est, en un sens, un ultime « travail » radical et addictif : celui de notre propre désintégration marchande.

Peut-on penser le temps présent sous la forme d’une lente catastrophe finale?
Il s’agit d’abord de savoir jusqu’où va notre aliénation, y compris et surtout dans les loisirs.
Au temps chronométré du Club Méditerranée, forme de loisir exemplaire des Trente Glorieuses, au circuit surchargé d’une visite à Disneyland, s’est substitué un continuum indistinct entre le loisir et le travail.
Ce temps-là n’est plus minuté, il est indéfiniment extensible.

Que faisons-nous en nous levant la nuit pour lire nos mails ?
Nous ne le savons plus exactement, car cette activité est aussi jouissive que stressante, gratifiante et aliénante, remplie et creuse.

Nous devenons si étrangers à notre activité et à nous-mêmes que nous ne saurions, en toute bonne foi, dire si nous sommes en train de travailler ou de nous reposer. Nous assumons, en le faisant, le statut d’une marchandise bonne pour le système et inutile à nos vies.
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Mots clés : sommeil

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